Seth, de son vrai nom Gregory Gallant, est un auteur de bandes dessinées né le 16 septembre 1962 à Clinton (Ontario) au Canada, d’expression anglaise Seth étudie au Ontario College of Art & Design et travaille pour Vortex Comics sur la série « Mister X ». Ensuite il emménage à Guelph.
Il est très représentatif de la bande dessinée indépendante américaine, en particulier dans le domaine du récit autobiographique. Il travaille principalement pour l’éditeur canadien Drawn and Quarterly et réalise des illustrations pour d’autres magazines
George Sprott – 1894-1975
de Seth (Delcourt)
George Sprott
Il y a encore quelques années, on aurait parlé d’un ovni dans le 9ème Art. On peut parler aujourd’hui, sans craindre l’accusation d’hérésie, d’un chef-d’oeuvre de la bande dessinée moderne, en tout cas de l’année 2009…
La principale raison tient à ce que l’auteur, Seth, explore un peu à la façon de Chris Ware et de l’école expérimentale de l’Acme Novelty library de ce dernier, une possibilité narrative de la bande dessinée : le scénario, le découpage, les dessins, le rythme narratif forment un tout indissociable. Autrement dit, on ne trouvera guère de remake d’une telle œuvre, difficilement ré-interprétable.
La vie de Georges Sprott nous est racontée par quelqu’un dont on ne saura jamais l’identité. On ne sait d’ailleurs même pas pourquoi il nous la raconte tant il est vrai, il nous le dit lui-même, que le personnage n’est ni attachant, ni un génie ni même particulièrement sympathique. Par certains aspects, c’est même un salaud, un pauvre type dans la moyenne de ce que les hommes peuvent être : égoïste et misogyne. Les témoignages de ses contemporains confirment d’ailleurs la chose assez souvent : certes il a eu une longévité exceptionnelle dans son métier de présentateur télé, mais il semble bien que Georges Sprott oscille entre la relative transparence de caractère et l’égocentrisme le plus parfait. Et pourtant… on est tout de suite pris par l’envie d’en savoir plus, « d’entendre » de nouveaux témoignages, de connaître son passé d’explorateur éphémère du pôle Nord et, en fait, on s’intéresse à sa vie. Quelques témoignages d’affection (sa nièce qui a grandit sur les genoux de « uncle Georges »), le récit de ces habitants anonymes de cette ville anonyme qui racontent leur fidélité à une émission de télévision de la chaîne CKCK (vieux sigle, vieille époque…), un sentiment de compassion à l’égard de son épouse trompée…
La construction narrative joue avec le temps, avec trois temps : les témoignages livrés à la manière d’une enquête, le récit de sa mort, et des scènes de vie de Georges Sprott. Elle est appuyé par une magnifique sobriété : de la ligne, des couleurs et, bien sûr, de la mise en page.